Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine (USPO)

L’Uspo salue un discours “visionnaire” d’Emmanuel Macron sur la coordination médecin/pharmacien

Les vœux au secteur de la santé du président de la République, Emmanuel Macron, au centre hospitalier de Corbeil-Essonnes la semaine dernière, étaient “parfaits”, “très pragmatiques”, et “visionnaires sur la coordination entre les médecins et les pharmaciens”, a déclaré le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (Uspo), Pierre-Olivier Variot, mercredi.

Emmanuel Macron a fixé vendredi le cap de la politique de santé des prochains mois, tant pour le secteur hospitalier que pour la médecine de ville,

Il a notamment affirmé que le pharmacien référent pourrait avoir des missions élargies. “Nous permettrons aux Français d’avoir recours à d’autres professionnels de santé pour des renouvellements d’ordonnance pour les maladies chroniques, pour la vaccination, pour le dépistage, pour l’éducation thérapeutique qui doivent pouvoir être réalisés par des pharmaciens, par des sages-femmes, par des infirmiers et des infirmières”, a-t-il déclaré.

Il a ainsi proposé de “généraliser” et de “simplifier” la délégation d’actes, sans “conflits entre les professions”.

Le chef de l’Etat a également mentionné les services d’accès aux soins (SAS) expliquant qu’il souhaite “aller plus loin” avec ce dispositif pour le “faire reconnaître à tous les Français” et “consolider les équipes”.

“On aura ainsi des médecins qui accueilleront ces patients ayant recours à ces fameux SAS pour les consultations non programmées. Et là encore, ça va permettre à des libéraux, à des structures privées de s’engager et ça va permettre de décharger l’hôpital de nombreux soins non programmés”, a-t-il développé.

Ce discours a été accueilli très froidement par les syndicats de médecins libéraux,

Des réactions qui ont “surpris” Pierre-Olivier Variot qui considère que “beaucoup de patients sont sans médecin traitant et qu’il va falloir un transfert, un partage des compétences”.

Présentant également ses voeux pour 2023 à l’occasion d’une conférence de presse, le président de l’Uspo a affirmé que l’année à venir serait une “grande année pour la pharmacie” avec un “tournant” vers une officine qui se positionne sur de plus en plus de missions.

Manque de transparence sur les ruptures de médicaments

Il a néanmoins déploré un exercice officinal pollué par les ruptures qui touchent de plus en plus de traitements. “Nous manquons de transparence, de vérité. On nous dit que l’amoxicilline arrive dans la semaine et dans les faits nous ne voyons pas de boîte. Pour le paracétamol, entre Noël et le Nouvel An, le laboratoire [Sanofi] avait promis 1,2 million de doses pédiatriques, or il n’y en a eu que 600.000 de distribuées”, a-t-il poursuivi dénonçant une “discordance” entre l’industriel et la pharmacie.

Le ministre de la santé, François Braun, avait expliqué la semaine dernière qu’il regardait de près la différence entre la capacité de trouver des médicaments à l’officine et les produits effectivement en stocks,

“Nous avons estimé à 12 heures par semaine le temps que l’on passe à chercher des médicaments”, a signalé Pierre-Olivier Variot.

Le président de l’Uspo s’est aussi plaint de “charges administratives” qui augmentent de plus en plus pour les pharmacies notamment à cause de difficultés avec le tiers payant. Il a demandé “la mise à disposition d’un assistant pharmaceutique pour faire ce boulot”.

Le syndicat s’est réuni récemment afin d’envisager différentes actions pour protester contre la détérioration de l’exercice officinal. L’une des premières actions envisagées est d’informer les patients sur les difficultés de l’officine, ensuite un “mouvent social et des actions doivent être définis”. L’ensemble des mesures sera validé par un conseil d’administration prévu la semaine prochaine.

Concernant les protocoles mis en place dans le cadre de la dispensation protocolisée, Pierre-Olivier Variot souhaite qu’ils “s’imposent hors coordination”. “Nous n’avons pas besoin de ce protocole, pour les infections urinaires et les angines, on dispense et on alerte le médecin”, a-t-il affirmé.

Jusqu’à présent, ces protocoles ont été peu utilisés par les pharmaciens car “il y a encore de la coordination: le médecin délègue la possibilité de prescrire et de dispenser, et cela doit être validé par les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) qui sont des verrous”, a-t-il déploré.

L’Uspo a aussi annoncé la création d’un structure baptisée Crepoff qui sera un “cercle de reflexion pour les pharmaciens d’officine pour faire avancer la profession”. Elle rassemblera l’Uspo, l’ANEPF (Association nationale des étudiants en pharmacie de France) et le CPAOF, Collectif des pharmaciens adjoints et remplaçants d’officine de France.

Le représentant syndical s’est par ailleurs réjoui du rattrapage de la vaccination contre la grippe par rapport à 2021, “tant sur la cible que hors cible”, avec “48% des vaccinations réalisées en pharmacie”. Il a réclamé une labellisation des tests combinés grippe/Covid-19 et leur prise en charge avec une revalorisation, expliquant que ces tests combinés sont plus chers à l’achat pour les pharmacies.

Marge à 4% pour les officines

Enfin, il a fait un point sur l’économie de l’officine, estimant la marge des officines en 2022 à environ 4% grâce aux activités liées au Covid-19, ce qui “corrige à peine l’inflation”. “Nous avons besoin de visibilité car pendant le Covid-19 nous avons laissé tomber d’autres missions comme le bilan accompagnement”, a-t-il précisé.

Pour l’année à venir, il a expliqué qu’il souhaite négocier le budget 2024 “le plus tard possible pour ne pas prendre en compte les chiffres du Covid-19”. Face à la possibilité que la Caisse d’assurance maladie (Cnam) demande des économies importantes, comme pour la biologie médicale en les justifiant par les revenus du Covid-19, Pierre-Olivier Variot a expliqué que l’excédent brut d’exploitation (EBE) des pharmacies n’a grimpé que d’un point ou de 1,5 point, contre 12 points pour les laboratoires, notamment parce que les officines ont dû recruter pour réaliser les tests.

Cela représente une augmentation de 9.000 euros à 17.000 euros par officine, a-t-il précisé.

Source : PARIS, 11 janvier 2023 (APMnews)